Les ouvriers de la Cofra

À l’initiative de l’entreprise « Cofrablack », usine pétrochimique produisant du noir de carbone, je découvre l’univers de cette industrie. Vêtus de lourds  bleus de travail, des ouvriers produisent sous un fort soleil de Gironde et dans la chaleur des réacteurs du noir de carbone. Cette poussière aux fines particules s’échappe dans la transparence de l’air, elles pénètre partout, à travers les vêtements, dans tous les plis, par tous les pores, noircissant leur visage jusqu’à l’intérieur des paupières. Ils m’évoquent immédiatement les images de mineurs de charbon remontant de la galerie.

En fin de journée, qui n’est pas nécessairement le soir car l’usine fonctionne continuellement en trois postes, alors qu’une équipe arrive, celle qui part se dirige vers les vestiaires. C’est un univers joyeux ou chacun, débarrassé des vêtements de travail, retire sous la douche cette seconde peau, fruit de l’activité du jour: le noir de carbone. En quelques minutes, la fatigue enregistrée par la journée de travail semble gommée, leurs traits s’adoucissent, leurs yeux s’agrandissent, ils apparaissent torse nu tels qu’ils sont.

Je décide de réaliser trois portraits, deux devant l’usine en début et en fin de poste puis le troisième dans les vestiaires à l’issue de la douche. Huit triptyques sont présentés, comme un symbole pour ces ouvriers dont le système d’organisation d’horaires de travail est en « trois-huit ».

Série réalisée en 2011 au Bec d’Ambès, Gironde, France